Conférence de Marie-José MICHEL, professeur émérite d’histoire moderne- Sorbonne Paris-Cité
Les femmes sont depuis la plus haute Antiquité en dehors de la vie de la cité : la vie à Athènes et à Rome en atteste. Il en va de même aux périodes médiévales et modernes. Leur rôle relève, en effet, uniquement de la sphère de la vie privée. Les Révolutions française et russe, toutefois, ont été d’éphémères occasions de présences féminines dans la vie politique. Mais il faut attendre la fin du XIX e siècle en Angleterre et le tout début du XXe siècle en France pour voir les premiers signes d’une présence féminine dans la sphère publique avec les « suffragettes » et les premières ouvrières qui manifestent pour revendiquer de nouveaux droits.
Cette longue fresque connaît un véritable virage aux lendemains de la première guerre mondiale et surtout de la seconde. Mais c’est seulement depuis le tout début du XXIe siècle qu’émerge en effet, en Europe occidentale et dans le monde nord-américain, l’entrée en force des femmes dans la vie publique. Après les études, elles envahissent de multiples secteurs d’activités et finissent par entrer politique.
Cette analyse historique sur la place des femmes dans la vie de la cité révèle à quel point le destin de Marguerite de Lorraine (fin XVe, début XVIe) est totalement exceptionnel. Elle fait partie de ces cas tout à fait rarissimes où, pour des raisons patrimoniales et pour une période de courte durée, la femme remplace un prince ou un roi mineur à la suite du décès d’un père empêché ou décédé prématurément.