Dans le numéro de mai/juin 2018 de la revue " chemins d'éternité" du Sanctuaire de Montligeon, nous découvrons l'itinéraire de Christian Champagne : Du chaudron à Dieu !
Viviane Bruneau-Shen est musicienne et vierge consacrée dans le diocèse de Séez. Elle a accepté que nous reproduisions la présentation qu'elle fait d'elle-même sur son site . C'est un témoignage à accueillir comme un signe du lien vivant dans sa vie entre ses origines culturelles, l'art , spécialement la musique et sa foi au Christ .
"Je suis née un matin de mai à Tokyo, au milieu d'une forêt de gratte-ciels. De là me vient, probablement, ma soif viscérale de liberté et mon amour des espaces infinis.
Lorsque j'étais petite, je rêvais de devenir astronome. Finalement, je suis devenue musicienne... ce qui revient peut-être au même.
Depuis longtemps déjà, j'écoute le monde qui m'entoure. J'écoute les sons, j'écoute les bruits, j'écoute aussi les couleurs, les formes et le temps. Mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est écouter les âmes. Qu'elles soient rayonnantes, lointaines, discrètes ou exultantes, toutes ont leur beauté unique qui m'émerveille.
Des héritages multiples
J'ai grandi entre trois langues, deux religions et plusieurs spiritualités.
Ainsi, la fréquentation des textes sacrés du bouddhisme dans mon enfance a affûté ma perception du réel.
J'ai très tôt pris l'habitude aussi de nouer des amitiés célestes avec les Saints et les Anges, en particulier avec la Vierge Marie qui m'accompagne depuis toujours.
Mais ma langue originelle, c'est la musique. Du clavier du piano à celui de l'orgue, des cordes de cithare aux cordes vocales, écrite ou improvisée, seule ou partagée, dans la joie ou l'épreuve elle ne m'a jamais quittée.
Les épreuves et traumatismes de l'existence viennent souvent recouvrir l'âme de toutes sortes de couches de protection, si bien que le « son » de cette âme perd sa vibration et s'éteint, ou se déforme pour s'adapter à l'environnement et aux circonstances.
L'âme qui a oublié son chant devient comme un instrument désaccordé qui ne sait plus où reprendre le bon « la ».
La blessure dont je ne me suis jamais guérie
2003. Je suis reçue à l'unanimité dans la classe de Nicholas Angelich et Romano Pallottini au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Un jour, je fais une expérience inouïe en assistant à un concert. Comme une planète heurtée par une météorite et déviée de son orbite, je me retrouve dans une dimension inconnue, d'une intensité à peine soutenable. Un voile intérieur se lève, et je pleure toutes les larmes de mon corps...
En sortant, je ne suis plus la même. Cette expérience déclenche un long cheminement, auprès de plusieurs maîtres et finalement auprès du Christ.
Irradier le Christ par la musique
2008. Je prépare plusieurs concours internationaux. Mais mon âme est en peine et dans un état de grande désolation, suite à une série de dépouillements intérieurs qui me paraît sans fin.
C’est alors que je fais l’expérience d’une rencontre avec le Christ, au plus intime de moi-même. Dès lors, je n’ai plus qu’un seul désir : devenir Son réceptacle pour L’irradier dans la musique.
Le 16 juillet 2015, mon union au Christ est scellée par la Consécration des Vierges, que je reçois des mains de Mgr. Jacques Habert, évêque de Sées."
Pour en savoir plus sur Viviane, ses concerts, les formations qu'elle propose, n'hésitez pas à visiter son site !
Dans le diocèse de Séez, depuis 5 ans Joële Vermot-Gaud organise la nuit des églises dans le bocage pour donner, à qui veut la possibilité de découvrir le patrimoine religieux et sa signification chrétienne : « Il m'a bien fallu ce temps pour en faire une manifestation qui arrive à toucher des personnes en dehors de la communauté chrétienne. Cette année 80 personnes environ, dont la moitié inconnue. »
Pour elle, l'art est évangélisateur et sa motivation profonde est de partager et de donner à découvrir les liens entre Art et Bible ou Art et histoire de l’Eglise car « nos contemporains n'ont plus les clés de lecture pour s'approprier leur propre patrimoine ». C’est un grand bonheur pour elle de pouvoir le proposer.
Elle met à l’honneur les grands symboles de la foi ou ceux qui marquent la liturgie de l'Eglise. « Cierge pascal, Bible, baptistère, table eucharistique éclairés par une parole biblique correspondante, des bougies et un superbe fleurissement. Il y a comme un parcours catéchétique que je commente brièvement pour en donner la signification mais laisser à chacun de se laisser toucher. »
Cette nuit des églises est aussi l’occasion d’un dialogue et d’une action commune avec tous les partenaires pour la préservation du patrimoine religieux.
Ainsi, depuis maintenant 2 ans, Joële Vermot-Gaud travaille en collaboration avec l'ancienne directrice de la médiathèque, Mme Mulot : « Elle fait la présentation historique de l’édifice, donne des explications concernant l'histoire de l’art, les artistes et je fais la lecture croyante des œuvres (cette année les vitraux de J Le Chevallier et J Chaudeurge de l'église St Germain) en lien avec des références bibliques. »
A l'occasion de la rencontre de l'antenne Culture et Foi avec le pôle du Perche-sud , Marie-José Michel au nom de l'équipe de coordination du pôle missionnaire a fait cette belle et intéressante présentation qu'elle nous permet de publier sur le site Culture et Foi. Avec nos remerciements .
Contre toute attente, la culture et la foi occupent une place centrale dans le Perche sud, autant qu’à Montligeon, Alençon, ou à Sées. Cette réalité ne date pas d’hier, mais d’une vingtaine d’années déjà, suscitant l’attention des évêques successifs, des pouvoirs publics et des associations patrimoniales régionales et nationales. Aussi, les acteurs pastoraux du Perche sud attendent beaucoup de la commission diocésaine « Culture et foi » pour éclairer leurs intuitions.
A priori « culture » et « foi » sont deux concepts peu familiers du Perche, plutôt attaché, jusqu’aux années 1980, à une autre forme de culture. Quant à la foi, il s’agit plutôt d’une « réalité enfouie » dans ce secteur ornais où les pratiques religieuses sont assez estompées. Pourtant ces deux notions ont fortement interpellé les acteurs pastoraux d’aujourd’hui. D’ailleurs, ils ont choisi comme chantiers prioritaires «les trésors de nos églises», au même titre que « les jeunes », la « communication » et « des événements à susciter ».
Derrière cette réalité singulière du Perche sud se trouve un faisceau de raisons parmi lesquelles figurent une série de surreprésentations: celle des artistes et des créateurs chrétiens (écrivains, sculpteurs, peintres, photographes), celle des résidents secondaires et des rurbains (qui apprécient le Perche et s’y ressourcent), et celle des églises et chapelles anciennes (une à trois par commune). Mais, ces dernières, pour la plupart datées du Moyen Age et du premier XVIème siècle, sont restées dans leur « jus », souvent en mal de restaurations trop coûteuses pour de petites communes de moins de 500 habitants.
Donc, de fait, le Perche sud se focalise sur un atout culturel et cultuel central : celui des petites églises. Mais, leur état et les difficultés de conservation qui les caractèrisent, les transforment en un sujet de préoccupation lourd et récurrent pour l’ensemble de la société. C’est ainsi que les églises du Perche sont devenues, tout naturellement, un emblème de la culture, de l’art et de la foi au sein de la société locale.
La culture et la foi », au travers des petites églises du Perche, interpellent de multiples partenaires percherons et c’est un phénomène qui remonte à une vingtaine d’années environ, soit à l’orée du XXIème siècle. Il coïncide avec la création du Parc naturel régional du Perche (PNRP), l’essor de l’Ecomusée du Perche (Saint-Cyr-la-Rosière) et l’arrivée progressive des « accourus » de la région parisienne pour les week-end, ces derniers jouant le rôle d’accélérateur de ce nouveau ressenti collectif. Il s’est très vite traduit par une floraison d’associations patrimoniales dans l’ensemble du Perche (une quarantaine).
Dès lors, ces petites églises vont bénéficier de l’action convergente de plusieurs partenaires. Il s’agit tout d’abord des communes dont la responsabilité est engagée en cas d’accidents survenus dans les églises et qui vont se préoccuper des conditions de sécurité. Puis, en particulier le Conseil départemental a le souci de la conservation des antiquités et objets d’art, spécialement des objets du patrimoine religieux. La Fondation du Patrimoine, quant à elle, est prête à s’engager dans le cadre de conventions tripartites (commune, fondation, association patrimoniale) pour financer des restaurations d’églises. Enfin, l’association ASPPerche et les Amis du Perche interviennent sur des éléments moins coûteux, mais souvent classés et emblématiques, comme les statues, les retables et les toiles.
Dans ce contexte très particulier, seul le diocèse de Séez donne un sens à ce bouillonnement d’actions associant étroitement « culture et foi ». La première approche de ce type est portée par Monseigneur Boulanger, dès 2004, qui organise une assemblée plénière sur ce thème, à Nocé, qui regroupe 120 personnes ! Puis, en 2011, Monseigneur Habert suscite un rassemblement du même ordre qui se concrétise par la confection de plusieurs tableaux de synthèse sur les églises en cours de restauration, les partenaires, les préoccupations et les projets envisagés.
Bref, le sujet des églises dans le Perche fait recette depuis une vingtaine d’années, mais, seule l’Eglise, à intervalles réguliers, choisit pour le traiter l’angle spécifique de la culture et de la foi.
Où en est-on aujourd’hui ?
Trois constats s’imposent :
- La dynamique de restauration des églises du Perche se poursuit : cependant un certain essoufflement peut être constaté, car l’Etat et la Fondation du Patrimoine disposent de fonds moins importants dans ce domaine, et le renouvellement des bénévoles engagés se fait plus difficilement. Néanmoins, les travaux de restauration se maintiennent. Pas moins de 35 projets de restauration sont en cours dans le seul périmètre du Pôle missionnaire du Perche sud. Ils se diversifient: de la charpente aux maçonneries hautes, en passant par les bannières, les vases sacrés, les statues, les bancs-coffres, retables, orgues, bancs d’œuvre.
-Les questionnements déjà posés restent d’actualité pour les églises percheronnes en ce début de XXIème siècle :
Comment assurer le financement des nouvelles tranches de travaux ? Chacun s’interroge sur sa part de financement : les communes, le conseil départemental, l’Etat, les associations parties à la chasse aux mécènes. Chacun s’interroge aussi sur la manière de faciliter l’accès des lieux au plus grand nombre : comment ouvrir ? Comment éviter les vols ? Comment redonner vie ? (concerts, temps de prière).
-Les chrétiens, portés par la dynamique des pôles missionnaires, reprennent à leur compte le dossier des églises du Perche dans une dimension nouvelle.
Après le temps des « pionniers » au cours duquel Bellou-sur-Huisne, Montgaudry, Le Theil et Verrières avaient tenté des actions fédérées, plusieurs intuitions émergent : créer des « circuits découverte » d’églises (thème choisi : retables, vitraux, orgues), créer et éditer des dépliants, monter un agenda commun des manifestations, monter une formation « guide-habitant », créer un cycle de musique sacrée de qualité, poursuivre un parcours régulier de prières oecuméniques dans les petites églises peu utilisées (180 réunions en 10 ans).
Tous ces éléments seront explorés par l’atelier « le trésor de nos églises », lancé en janvier dernier, par le conseil d’orientation pastoral. Seulement trois seront nouvellement mis en œuvre : « ouvreurs et guides d’église », des « chrétiens investis dans les visites d’église à l’occasion des journées européennes du Patrimoine », des « circuits-découvertes » d’églises.
Et un quatrième sera poursuivi : la vie des petites églises grâce aux temps de prières œcuméniques de Perche Verrières Espérance.
C’est dire si l’aide de la toute nouvelle commission «Culture et Foi » est attendue dans le Perche sud !